dimanche 21 août 2011

Des boulettes dans les sujets

En pleine préparation de la rentrée (réorganisation de mes fichiers, préparations des textes et des études de texte, rafraîchissement d'une ou deux fiches grammaire, relecture de quelques livres pour choisir des lectures pour ces petits chéris, tour(s) sur le site du Ministère, achat d'un nouveau stylo plume et de deux stylos rouge, prière pour que soit enfin mis au point le cartable magique qui corrige les copies... et que quelqu'un me l'offre...), je butte sur un problème rencontré l'an dernier par tous les élèves de troisième et dont la presse n'a, à mon connaissance, pas parlé. Il faut dire qu'elle avait mieux à faire : c'était en pleine dénonciation de l'Affaire des fuites du sujet de maths au bac S.
Pourquoi y repenser maintenant ? Parce que je prépare mes cours (au cas où la précédente parenthèse n'aurait pas été assez éclairante sur ce sujet) et, avec les troisièmes, je pensais commencer l'année par une mise en jambe du type "le sujet sur lequel vous êtes certain(e)s de ne pas tomber" : décorticage du sujet du brevet session 2011. Sauf que, il y a une très grosse boulette dedans.
Quelle boulette, me demanderez-vous ? Il faut pour cela aller lire très attentivement le sujet de rédaction. On y demande aux élèves de rédiger un dialogue dans lequel quelqu'un les pousse à changer de comportement. Or, le jour de l'épreuve, les contraintes à respecter associées au sujet étaient pour le moins fantaisistes puisque la première de ces contraintes leur demandait de respecter le texte de départ (souvenir de camps de Romain Gary). Comme la plupart des élèves de troisième de France et de Navarre n'ont pas (encore) eu l'opportunité d'expérimenter la prison, cela paraissait pour le moins bizarre.
En fait, dans les jours qui ont suivi, de rumeurs sur les sites des collègues en quêtes d'informations des syndicats, nous autres, correcteurs du brevet, avons fini par découvrir d'où venait la boulette : le sujet distribué aux élèves était apparemment le sujet de secours (utilisé le jour de l'épreuve en cas de suspicion de fuite, par exemple), sauf que "on" a pensé à changer le sujet, mais pas les contraintes de rédaction, d'où hiatus. (J'écris "on" parce que j'ignore qui, exactement, au ministère, prend ce genre de décisions). Pire, ils semblerait que, dans certains centres d'examen, ce soit le premier sujet qui ait été distribué. Pour un sujet national, bravo !
Bref, un sacré merdier, notamment dénoncé ici en temps et heure.
Sauf que, qui en a réellement entendu parlé ? En dehors de mes collègues de lettres, je veux dire ?
Il faut prendre la mesure du mépris que cela représente : pour les élèves, pour les professeurs qui ont préparé les élèves à cette épreuve toute l'année, pour les correcteurs, pour l'examen du brevet des collèges.
Et, tout le monde s'en fout ! Il faut redire ici qu'il y avait eu (comme tous les ans) des fuites concernant le sujet de maths du bac S et que (pour une fois) : lémédias se sont beaucoup concentré dessus.
Reste le mépris, que je ne digère pas.
Et reste aussi à préparer mes élèves de troisième de cette année au brevet.
Alors, je décide quoi ?
Et bien tant pis, je décide de leur présenter et de leur faire décortiquer ce sujet, boulette comprise. Je décide même de commenter la boulette avec eux. Les préparer au fait qu'ils peuvent tomber sur un sujet absurde, puisque cela peut vraiment se produire, puisque cela s'est produit à la session de juin 2011.
Et leur dire aussi que le brevet n'est pas un enjeu : la preuve. Leur expliquer, donc, pourquoi on va faire autre chose, cette année, que le préparer : des choses tellement plus importantes, comme : lire, réfléchir, écrire, rêver, apprendre. Et s'il nous reste un peu de temps, on se le bachotera aussi, au passage.
Quitte à ce que mes élèves soient pris pour des cons, autant faire avec eux des choses intelligentes !